Depuis les temps les plus reculés, les églises ont constitué le principal édifice des villages. Celle-ci était d’ailleurs souvent associée au château du seigneur du lieu. Il ne semble pas qu’il y ait eu à Escource de château, celui-ci se trouvant à Labouheyre dont Escource dépendait
La première mention d’Escource date de 1077, sous le vocable de SCORSA. Y avait-il une église ? C’est fort probable et son patron était Saint Martin. Il n’a jamais été retrouvé de trace de ce bâtiment, ce qui laisse supposer que l’église actuelle a été bâtie sur son emplacement. En 1152 nous sommes alors sous gouvernance anglaise, après le remariage, le 18 mai de l’ex reine de France Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenet de dix ans son cadet mais comte du Maine et d’Anjou, Duc de Normandie. Ainsi les possessions anglaises sur le territoire de la France actuelle, étaient plus de dix fois supérieures à celles du roi de France, qui n’en restait pas moins son suzerain
Les anglais avaient alors pour habitude de fortifier les églises qu’ils plaçaient au centre du village et proche d’un escarpement naturel. Les archives font mention de réparations et de l’existence à l’est de l’église d’un châtelet et d’un ravelin (sorte de bastion en demi-lune) devant le porche afin d’en défendre l’entrée. Châtelet et ravelin existaient encore en 1841, mais vingt ans après le ravelin semble avoir disparu.
Dans la nef il y avait de nombreuses sépultures qui ont été enlevées en 1930, sans que les noms aient été relevés. On sait cependant grâce aux registres de 1789 que plusieurs curés de la paroisse y figuraient mais aussi des femmes qui étaient probablement leurs servantes. Un procès-verbal de l’évêque de Dacqs (Dax) en 1740 fait état du recensement de tous les objets figurant dans cette église ainsi que du carnet de comptes. En effet les biens de l’église étaient gérés par le curé, assisté d’un Conseil de Fabrique nommé par les habitants (les marguillers). Ils fixaient à l’amiable le taux de la dîme et celui des services du ministère sacerdotal. Les fruits décimaux étaient le seigle, la millade, les essaims, les agneaux, le vin. Les biens de l’église étaient affermés, les terres labourables pour une partie de la récolte et les pins pour une part de la récolte de gemme. L’église par ailleurs recevait de nombreux dons de paroissiens désireux de s’assurer une part de bonheur dans l’au-delà !!! Ainsi au XIIème siècle, l’église tient une place privilégiée et à Escource elle figure parmi les premiers propriétaires fonciers. Ainsi la situation financière du curé était telle que son budget était bien supérieur à celui de la commune, qui à maintes reprises a dû lui faire des emprunts pour subvenir à ses besoins. En 1753, un curé Jean Benoit Montlaur, a refusé toute contribution et s’en est remis à la générosité des paroissiens. En 1790 le 12 Novembre, tous les biens de l’église ont été vendus à l’adjudication et le curé (le desservant) reçoit une pension de la commune qui en 1817 s’élève à plus de 3000 francs par an ce qui est plus que ne touche le plus riche des propriétaire de la commune.
L’église d’Escource a au cours du temps subie de nombreuses réparations :
- 1802 : la charpente de l’église est réparée pour la somme de 356 francs payés par la population, la commune et la Fabrique
- 1829-1830 : les réparations de l’église comprennent la construction du maître-autel, des deux autels latéraux, plus du fond du chœur jusqu’à la nef, carrelage du chœur, ouverture d’une porte à la sacristie et fournitures d’un stucateur de Mont-de-Marsan : total 3039,50 francs
- le 27 septembre 1829, le porche est entièrement reconstruit avec les vieux moellons en trois pieds d’épaisseur. Construction d’un mur de soutènement au cimetière de l’église saint Martin avec un faîte en tuile. La population a donné1653,65 francs représentant 0,20 fr de franc foncier .
- aout 1836. L’église étant trop étroite pour y placer des bancs par côté, le Conseil Municipal décide d’élargir la tribune en la prolongeant d’une extrémité à l’autre ; on fera quatre colonnes en briques pour la soutenir plutôt que d’employer les quatre colonnes en bois de noyer de l’ancien autel.
- 2 aout 1838. La commune achète la statue de Saint Martin pour la somme de 291 francs. Elle sera mise en place face à celle de Saint Antoine
- Mai 1843 Le conseil Municipal considérant que le chemin vicinal n°2 partant du bourg vers Saint Paul et Mimizan par Laurance et Brana, passe à coté du mur du cimetière de l’église, où il ya une pente très rapide pour arriver au ruisseau de l’Arriuat, situé tout près et au couchant de l’église ; attendu que la partie du chemin dont il s’agit, depuis le bourg jusqu’au ruisseau est composée de sables mouvants, les pluies abondantes de l’hiver dernier ont causé des dommages qui font craindre que, sous très peu de temps, non seulement les murs du cimetière mais encore ceux de l’église pourraient crouler facilement ; le Conseil est d’avis de construire un mur en pierre de garluche sur un bon fondement.
- 1844 : le cimetière qui est au pied de l’église est transféré hors du bourg, sur la route de Labouheyre, après un échange de terrain avec la Compagnie des Landes
- 9 Novembre 1845. Décès de Jean Fourcade, curé d’Escource, âgé de 82 ans, après 42 ans de service de la paroisse : regrets unanimes.
- 23 juin 1852 : installation du curé Langlade, constatée par le bureau des marguillers de la Fabrique Paroissiale.
- 11 mars 1855 : le curé Langlade ayant cassé et sorti de l’église le banc de l’Autorité civile, le Conseil a demandé la remise en place après réparation par le délinquant. (justification de ce banc : le banc était face à la chaire contre le pilier opposé ; il mesurait 4 mètres sur 1 m7tre 08, où tenaient douze personnes. Comme la nef a 5,28 mètres de large, ça ne gène rien. Le préfet et l’évêque doivent intervenir pour trouver une solution amiable.
- 13 mai 1860 : le Conseil décide l’achat d’une nouvelle cloche, celle de 294 kg ne suffisant pas pour la commune qui a 13762,62 hectares de superficie, ainsi que le porte l’atlas cadastral terminé le 2 février 1835. La nouvelle cloche pèsera environ 1250 kg et coûtera 7000 francs.
- 10 novembre 1861 : remboursement à Jean-Roch Méaulle vétérinaire, et à Joannès Lagofun de 260 francs dépensés pour aller à Toulouse vérifier le coulage de la cloche de 1265 kg, effectué par Mr Louison. Le beffroi, pour recevoir l’ancienne et la nouvelle cloche, sera réparé et modifié par Sarciat, maître charpentier à Pontenx, selon le devis de l’architecte départemental.
- 11 novembre 1864 : le Conseil de Fabrique de l’église Saint Martin d’Escource dans sa délibération du 8 octobre 1864, s’oppose à la construction de l’école des filles et de la mairie, l’endroit projeté n’étant pas convenable. De plus, il se plaint de la mauvaise volonté du Conseil Municipal. Celui-ci répond que ni Langlade, curé, ni le conseil de Fabrique ne déposent leurs comptes et budgets annuels à la mairie, comme ils le devraient. Le conseil de fabrique dit aussi que la flèche du clocher et le grand châtelet (entrée coté sud) aux deux belles portes ont disparu, il y a quelques années, sous l’administration municipale actuelle. Le maire fait observer que ce châtelet, aux deux belles portes, était un petit bâtiment en forme de hangar ayant 3 mètres sur 2 : une porte est encore à côté de l’endroit où il se trouvait.
- 23 juillet 1865. Le nouveau Conseil Municipal, dont le maire est Joannès Lagofun fait un triste état des lieux de la commune et constate notamment que : l’église est infiniment petite, à peine suffisante pour la moitié de la population et à laquelle on n’avait su pendant ces quarante années, malgré les vifs désirs et demandes de la population, qu’enlever la belle couronne de son magnifique clocher. Un presbytère aux piètres allures, flanqué de vieilles masures servant d’écurie et de décharges, le tout dans le plus complet délabrement. Enfin un cimetière, bien par ses mesures et son étendue, mais laissé dans le plus complet abandon, couvert de grandes fougères, bruyères et jeunes pins.
- En 1869 le cimetière a été nettoyé et complanté en allées d’arbres d’ornement. Il a été aussi décidé d’acheter le local Lux, le plus convenable du bourg pour édifier la Mairie et le presbytère. Le 26 juillet pose la première pierre à l’angle S.O. du presbytère. Et le 12 Aout celle de la Mairie.
- En Octobre 1872 tous les bâtiments qui encombrent la place sont démolis
- Le 2 Octobre 1887, le mur de clôture du vieux cimetière, du châtelet et de l’ancienne mairie ayant été démolis on reconstruit le mur au nord et on y place une grille.
- Avant la Révolution de 1789, le presbytère se trouvait sur la place. A la Révolution il sera vendu comme bien national et l’église devient pour un temps le « Temple de l’Etre Suprême »La commune doit alors payer un loyer de 150 francs pour assurer un logement au desservant. Hors le budget de la commune est de350 francs, la charge est jugée écrasante et le conseil songe à racheter et réparer l’ancien presbytère transformé en auberge. L’affaire est conclue pour 3850 francs. La commune paiera un acompte de 1928 francs après avoir vendu quelques pins, et fera un emprunt de 2000 francs au Bureau de Bienfaisance des pauvres d’Escource !!! Comment les indigents pouvaient-ils être à la tête d’un trésor six fois supérieur au budget de la commune ? Cela est une autre histoire.
Quelques rappels utiles
° L’église est dédiée à saint Martin. Cet ancien soldat romain, né en 316 à Sarvar en Hongrie est connu pour avoir partagé son manteau avec un pauvre, mais aussi pour avoir fondé à Liguré près de Poitiers le premier monastère français en 361 et avoir été évêque de Tours en 371. Après sa mort en 397, son culte se répandit très vite et il peut sûrement se vanter d’être le saint de France auquel sont consacrées le plus grand nombre de paroisses et que celles-ci remontent aux X° et XI° siècles.
° Saint Antoine a lui des origines assez obscures. En 1076 son corps est transféré de Constantinople à la Motte Saint Didier en Dauphiné. On lui élève une église et en 1296, le pape Boniface VIII crée un ordre hospitalier et militaire sous le signe de la croix de Tau, et il est tout particulièrement chargé de soigner le « mal des ardents » ou « mal de Saint Antoine », qui n’est autre que l’épilepsie, maladie due à l’époque à un parasite du seigle qui était un des aliments de base de l’époque, l’ergot de seigle.
L’hôpital qui a été crée sur la commune d’Escource remonte aux origines de l’ordre, puisque créé en 1308 et que Amanieu d’Albret lui fait un don de 100 sols. En 1600 la commanderie dépendait des Antonins de Toulouse. En 1622 la réputation de l’hôpital est bien établie dans la région et lui permet de bénéficier de nombreuses libéralités. A l’époque Saint Antoine de las Traverses se compose d’une chapelle dans laquelle il y a 3 autels et à coté un petit logement en bon état. L’hôpital est encore mentionné en1718, mais il est de plus en plus abandonné et dans un état de délabrement avancé. Il est vrai qu’en 1700 il y a eu dans ses parages un très gros incendie qui dut lui procurer de très sérieux dommages dont il ne se relèvera jamais. En 1762 les chanoines inféodent le lieu à une rente de 625 livres. C’est ainsi que la commanderie échut à Jean-Marc Darricau, maître de poste à Belloc, père d’Augustin le futur général d’empire, mort à Wagram. Peu à peu la chapelle est démolie. En 1814 des soldats utilisent les pierres de la chapelle pour construire des fours à pain, d’autres s’en serviront pour la construction de leur propre maison. Dans les années 1800 les ruines de Saint Antoine étaient un point de ralliement pour les bergers et leurs compagnes qui y organisaient des bals improvisés où les chants étaient accompagnés du claquement des sabots sur les dalles de terre cuite et du tintement de la clochette. Cette clochette est la seule relique qui subsiste de la chapelle et se trouve actuellement placée au-dessus de la sacristie de l’église Saint Martin.